Bourg-en-Bresse a accueil­li un débat entre 70 citoyen·ne·s et des candidat·e·s ou représentant·e·s de liste can­di­dates aux européennes : Lau­rence Lyon­nais (can­di­date pour La France Insoumise), Vin­cent Tal­mot (can­di­dat pour EELV), Marc-Antoine pas­sot (référent PS), Ben­jamin Michel (référent Jeunes avec Macron), Pier­rick Mon­net (mil­i­tant PCF). 

Après une rapi­de intro­duc­tion pour présen­ter la Poli­tique Agri­cole Com­mune, la plate­forme Pour une autre PAC et ses 12 pri­or­ités, la soirée s’est divisée en 3 par­ties ani­mées par des ques­tions des organisateurs.

Une PAC pour manger mieux 

Alice Courou­ble, porte parole de la Con­fédéra­tion paysanne -Les con­som­ma­teurs sont en demande de pro­duits locaux et de qual­ité. Les marchés inter­na­tionaux font peser une con­cur­rence déloyale sur les pro­duc­tions locales. Face à ce con­stat, comment la PAC peut-elle encour­ager les cir­cuits courts ?

Pour Lau­rence Lyon­nais (LFI), la con­cur­rence se fait au sein d’accords de libre-échange opaques. Elle dénonce une PAC qui a provo­qué l’aug­men­ta­tion des sur­faces de soja en Amérique du Sud pour nour­rir les ani­maux de l’UE et rap­pel que les expor­ta­tions des États Européens sur le marché africain sont aus­si sources de con­cur­rence déloyale. Elle pro­pose donc de sor­tir des accords de libre-échange et d’encadr­er les prix.

Marc-Antoine Pas­sot (PS-Place Publique) demande l’exclusion de l’industrie agroal­i­men­taire dans toutes les négo­ci­a­tions inter­na­tionales liées à la poli­tique agri­cole ou com­mer­ciale. Il faudrait aus­si “réduire la TVA sur les pro­duits bio pour les ren­dre plus acces­si­bles et que cha­cun puisse se nour­rir saine­ment”.

Vin­cent Tal­mot (EELV) rap­pelle que son par­ti défend le bio et le local depuis longtemps. Pour soutenir les cir­cuits courts, il souhaite taxer les pro­duits importés qui entrent en con­cur­rence déloyale avec les pro­duc­tions françaises. 

Ben­jamin Michel (Renais­sance) estime que la PAC est struc­turante pour la qual­ité de l’alimentation et pour la diver­sité de l’agriculture. Il pro­pose de met­tre en place des inspecteurs partout en Europe pour que chaque citoyen soit infor­mé des scan­dales ali­men­taires. Il souhaite encour­ager un mod­èle respectueux du bien-être ani­mal, et de notre san­té, en dou­blant par exem­ple les sur­faces en bio.

Enfin, Pier­rick Mon­net (PCF), qui con­clut ce pre­mier tour de table, souhaite main­tenir et aug­menter les aides à l’installation, met­tre en place des aides à l’actif et non pas à l’hectare, et réin­té­gr­er les zones exclues de l’ICHN dans le zon­age défa­vorisé.

Une PAC qui protège notre environnement face à l’urgence climatique 

Clé­mence Durochat, co-prési­dente de la FRAPNA01 — Face à l’ur­gence cli­ma­tique et envi­ron­nemen­tale dont elle est à la fois une des respon­s­able et une des vic­times, com­ment l’a­gri­cul­ture peut-elle pro­téger les ressources pour assur­er sa résilience ?

Pour Marc-Antoine Pas­sot (PS-Place Publique), l’agriculture est une part de la solu­tion et non pas le prob­lème. La PAC doit par exem­ple soutenir les prairies, qui sont des puits de car­bone. L’agroforesterie doit aus­si être encour­agée car elle est béné­fique pour l’agriculture et l’élevage. Enfin, il faut inter­dire les néon­i­coti­noïdes et les pro­duits phy­tosan­i­taires.

Vin­cent Tal­mot (EELV) regrette que des direc­tives européennes en faveur de la bio­di­ver­sité ne soit pas appliquées ou con­trôlées par les États. Il voudrait que soit mis en place un levi­er pour forcer la France à suiv­re les direc­tives.

Ben­jamin Michel (Renais­sance) estime que les agricul­teurs seront les pre­mières vic­times des aléas cli­ma­tiques à venir. Il pro­pose alors de faire de l’Europe un moteur de la pro­tec­tion de la bio­di­ver­sité : accom­pa­g­n­er la sor­tie du glyphosate, encour­ager la recherche et l’innovation.

Pour Pier­rick Mon­net (PCF), il faut un trans­fert du pre­mier vers le deux­ième pili­er. Pour décar­bon­er l’agriculture, il faudrait par exem­ple réduire le trans­port des animaux. 

Enfin, Lau­rence Lyon­nais (LFI) estime que l’on “a amené les agricul­teurs à tra­vailler con­tre et non avec la Nature, alors qu’aujourd’hui nous avons les solu­tions” : agri­cul­ture paysanne, bio­dy­namie etc… 

Une PAC sociale 

Agnès, miliante MRJC — Com­ment sécuris­er l’installation agri­cole des jeunes en milieu rur­al, tout en garan­tis­sant le dynamisme des ter­ri­toires ?

Alice Courou­ble, porte-parole de la Con­fédéra­tion Paysanne — Doit-on con­tin­uer à sub­ven­tion­ner l’aide à la sur­face sans pren­dre en compte l’emploi ?

Ben­jamin Michel (Renais­sance) rap­pelle que les agricul­teurs sont nom­breux à vivre sous le seuil de pau­vreté. La pri­or­ité de sa liste est d’aug­menter le revenu des paysans. Il faut pour cela une har­mon­i­sa­tion entre les États-mem­bres et met­tre fin aux enjeux con­cur­ren­tiels entre les pays. 

Pier­rick Mon­net (PCF) estime qu’il faut “évidem­ment favoris­er les aides à l’actif plutôt qu’à la sur­face pour laiss­er la place aux jeunes”. Il défend aus­si l’idée d’aides pour les con­som­ma­teurs, pour inté­gr­er un droit ali­men­taire dans la sécu­rité sociale. 

Lau­rence Lyon­nais (LFI) estime qu’il faut des “paysans nom­breux pour des cam­pagnes vivantes”. Cela doit s’accompagner de mesures com­plé­men­taires, comme notam­ment le main­tien et le ren­force­ment des ser­vices publics dans les cam­pagnes.

Marc-Antoine Pas­sot (PS-Place Publique) souhaite voir le développe­ment des petites et moyennes exploita­tions, il a salué dans ce sens les ini­tia­tives de l’association Terre de Liens qui achète des hectares agri­coles pour per­me­t­tre aux jeunes de se lancer en agri­cul­ture biologique. 

Pour finir, un citoyen demande : “Une par­tie de la pop­u­la­tion con­sid­ère que con­som­mer bio, c’est réservé à une élite car cela a un cer­tain coût. Que faire pour que tout le monde ait accès au bio?”

Pour Lau­rence Lyon­nais (LFI), la solu­tion est d’avoir un grand nom­bre d’agriculteurs bio, pour que le bio inonde les cir­cuits courts, qui pro­posent des pro­duits moins chers que dans les grandes sur­faces. Elle estime qu’il y a aus­si un pro­gramme d’éducation à men­er sur la manière de con­som­mer des légumes de sai­son et locaux.

Pour Vin­cent Tal­mot (EELV), il faut dimin­uer les charges, le bio n’est pas plus cher, puisqu’il y a moins de coût. Aus­si, “plus il y aura de paysans, plus les prix seront attrac­t­ifs.

Crédit pho­tos : FRAPNA de l’Ain