Dans un récent rap­port, le think tank  Insti­tute for Euro­pean Envi­ron­men­tal Pol­i­cy (IEEP) éval­ue les besoins envi­ron­nemen­taux de l’agriculture en France. L’exercice, réal­isé égale­ment pour d’autres États mem­bres de l’UE, notam­ment l’Alle­magne, l’Es­pagne et la Hon­grie, entend fournir aux par­ties prenantes et aux décideurs français et européens des élé­ments factuels pour éclair­er le PSN français. 

Ce tra­vail d’é­val­u­a­tion des besoins a déjà été réal­isé par le min­istère de l’Agriculture et de l’Al­i­men­ta­tion dans le cadre du diag­nos­tic PSN, qui avait fait l’objet d’une con­cer­ta­tion des par­ties prenantes, mais égale­ment du côté de la Com­mis­sion européenne, qui vise, sur la base de don­nées chiffrées, à établir un cer­tain nom­bre de recom­man­da­tions à chaque État mem­bre. Ce rap­port de l’IEEP apporte ain­si un point de référence sup­plé­men­taire pour l’analyse des besoins de l’agriculture française (bien que cen­tré sur le volet envi­ron­nemen­tal et cli­ma­tique), cen­sée être le socle sur lequel établir le PSN, chaque mesure PAC devant répon­dre à des besoins iden­ti­fiés comme plus ou moins pri­or­i­taires selon les pays.

Il est clair que les ressources naturelles en France sont forte­ment et néga­tive­ment affec­tées par l’a­gri­cul­ture. Les ten­dances actuelles ne sont pas encour­ageantes, notam­ment pour la qual­ité de l’air, la bio­di­ver­sité et le cli­mat. Une trans­for­ma­tion pro­fonde de l’a­gri­cul­ture française est néces­saire pour ren­dre le secteur plus durable, résilient et évo­lu­tif. Le prochain PSN a le poten­tiel de per­me­t­tre une telle trans­for­ma­tion grâce à la fois aux con­di­tions oblig­a­toires sur les sub­ven­tions et aux engage­ments volon­taires. Mais pour que le PSN per­me­tte ce virage, les mesures per­ti­nentes devraient béné­fici­er des ressources budgé­taires les plus élevées pour opti­miser leur impact. 

A la lec­ture de ce rap­port, on con­state que les besoins de l’agriculture française iden­ti­fiés par l’IEEP con­cor­dent avec ceux étab­lis dans le doc­u­ment de recom­man­da­tions de la Com­mis­sion à la France, mais égale­ment avec  le diag­nos­tic pour la future PAC établi par le min­istère lui-même. Pour­tant, si tout le monde sem­ble s’accorder sur les défis à relever en pri­or­ité dans cette nou­velle PAC, la pre­mière ver­sion du PSN français ne tient pas compte de ces élé­ments pour­tant rel­a­tive­ment unanimes quant à la tra­jec­toire qui devrait être impul­sée dans ce doc­u­ment pro­gram­ma­tique. Les choix finale­ment retenus par le min­istère de l’Agriculture et de l’Alimentation relèvent ain­si d’arbitrages poli­tiques per­me­t­tant de sat­is­faire cer­tains acteurs, plutôt que d’une volon­té de faire con­corder le PSN avec les véri­ta­bles besoins de l’agriculture française et de la majorité des agricul­teurs et agricul­tri­ces du pays.

Ce con­stat d’une inadéqua­tion entre le PSN et les besoins, notam­ment envi­ron­nemen­taux et cli­ma­tiques, de l’agriculture française transparaît dans l’avis que vient de ren­dre l’autorité environnementale.