QUAND ? Samedi 24 octobre à 16h30
OÙ ? Espace Lunesse, rue Paul Mairat, Angoulême
POURQUOI ? Le débat public « ImPACtons ! » représente l’occasion de faire entendre la voix des citoyen·ne·s sur le modèle agricole et alimentaire que nous voulons pour demain. La Commission Nationale du Débat Public (CNDP), qui organise ces débats, remettra au Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation un compte rendu détaillé de toutes les contributions et la cartographie des positions et des arguments de tous les participant·e·s. Ces éléments serviront à la rédaction du Plan Stratégique National (PSN), qui correspond à la version nationale de la Politique Agricole Commune (PAC) post 2020.
COMMENT ? Les consignes sanitaires imposant une jauge maximale de 60 personnes, celles et ceux qui souhaitent y participer doivent impérativement s’inscrire, par mail : impactons@debat-cndp.fr ou par téléphone : 01 44 49 85 94. Le port du masque est obligatoire.
“Souveraineté alimentaire”
C’est le thème qui sera au centre des discussions de la séance de débat public du samedi 24 octobre.
- La souveraineté alimentaire est entendue comme le droit de chaque peuple à définir son agriculture et son alimentation. Elle ne peut se penser en dehors d’une transition écologique et sociale systémique.
- La souveraineté alimentaire de l’UE doit être placée au centre d’une véritable Politique Agricole et Alimentaire Commune (PAAC), par laquelle la production agricole serait mise au service d’une alimentation choisie, diversifiée et durable, accessible à toute la population.
- Cet impératif, mis en lumière par la crise du coronavirus, est strictement incompatible avec un système appauvrissant les paysan·ne·s dans lequel les produits alimentaires sont vendus à des prix toujours plus bas. Il n’est pas davantage compatible avec la signature d’accords de libre-échange exposant à une concurrence déloyale aussi bien les paysan·ne·s européen·ne·s que celles et ceux des pays du Sud.
- Le président de la République disait lui-même que « [déléguer] notre alimentation à d’autres est une folie » (adresse télévisée du Président de la République aux Français du 12 mars 2020). Le terme de « souveraineté alimentaire » a dès lors été repris par différents courants de pensée pour légitimer des propositions de toute sorte.
L’agriculture pensée sans l’alimentation
- La PAC, conçue uniquement pour la production agricole, est déconnectée de l’aval de la filière, en particulier de la consommation. Elle occulte ainsi la demande citoyenne pour une alimentation saine, goûteuse et de qualité, au profit d’une production de masse au service de la compétitivité de l’agro-alimentaire.
- La PAC favorise la spécialisation, plutôt que d’inciter à la relocalisation et à la diversification des productions alimentaires au sein des territoires.
- La santé du consommateur·rice n’est pas prise en compte dans la PAC : les risques liés à l’ingestion des pesticides ne sont pas pris en considération et aucun dispositif ne vise à réduire significativement leur usage.
Dérégulation des échanges internationaux au détriment du développement des agricultures des pays du Sud
- La réforme 2015–2020 a très nettement poursuivi l’orientation libérale de la PAC amorcée depuis 1992. Elle a continué à déréguler les marchés sans protéger les paysan·ne·s contre leur volatilité.
- Pourtant, l’absence de maîtrise des volumes de production favorise l’arrivée massive de produits européens exportés à des prix inférieurs à leur coût de revient. Les produits européens concurrencent alors déloyalement les denrées locales produites par les pays du Sud, ce qui nuit à leur souveraineté alimentaire.
- En parallèle, même les paysan·ne·s européen·ne·s ne sortent pas gagnant·e·s de cette situation : ils ne peuvent pas tirer un revenu décent de leurs prix de vente, fixés toujours plus bas pour gagner des parts de marché à l’export.
- Sans régulation des marchés et maîtrise des productions, les prix fluctuent fortement et sont tirés à la baisse, tout comme le revenu des paysan·ne·s. Sans revenu, le métier de paysan·ne ne peut être attractif. Or, l’agriculture doit être attractive pour installer un grand nombre de paysan·ne·s et engager la transition agroécologique.
- Les aides du 1er pilier, attribuées selon le nombre d’hectares d’une ferme, soutiennent davantage l’agrandissement des fermes que le revenu des paysan·ne·s. La taille moyenne des fermes est ainsi passée de 28 hectares en 1988 à 63 hectares en 2016, alors que le revenu annuel d’un·e paysan·ne sur trois a été inférieur à 9 500€ chaque année de 2008 à 2015 (sauf en cultures céréalières et industrielles).
- Les aides du 2ème pilier sont cinq fois moins dotées que les aides du 1er pilier, alors qu’elles ciblent des pratiques plus vertueuses pour l’emploi agricole et l’environnement. Dans le même temps, les aides du 1er pilier continuent à éliminer les paysan·ne·s, à dégrader l’environnement et la biodiversité.
- 54% des aides directes sont allouées à 20% des plus grosses fermes en France, ce qui prouve qu’il y a un problème de répartition des aides au détriment des paysan·ne·s qui en ont le plus besoin.
Atteindre la souveraineté, l’autonomie et la qualité alimentaire dans l’Union Européenne
- La souveraineté alimentaire européenne, un nouvel objectif: La PAAC post 2020 doit replacer la souveraineté alimentaire de l’Europe au cœur des enjeux et offrir des incitations à la production des denrées saines aujourd’hui déficitaires (par exemple, les fruits et légumes frais et les légumineuses).
- Qualité nutritionnelle de l’alimentation produite: La qualité nutritionnelle ne concerne pas uniquement la sécurité alimentaire. Les conditions d’accès aux aides et leurs objectifs intègrent aussi la santé environnementale, l’équilibre et le goût de l’alimentation produite.
- Changement d’échelle des projets alimentaires territoriaux (PAT) : Les PAT, types de projets français, issus d’une concertation locale et qui s’appuient sur un diagnostic de la production et des besoins alimentaires d’un territoire, deviennent éligibles au financement par le budget de la PAC, afin de doper leur développement.
- Structuration de filières territorialisées: Les filières territorialisées sont des chaînes agro-alimentaires qui participent à la création de valeur et à l’autonomie alimentaire d’une région. Pour les développer, les programmes opérationnels de la PAC doivent être utilisés, par exemple pour aider l’approvisionnement en produits biologiques et locaux par la restauration collective.
Mettre en cohérence la PAAC avec les politiques de développement des agricultures familiales et paysannes des pays du sud
- Régulation des échanges commerciaux pour la souveraineté alimentaire ici et ailleurs: La PAAC post 2020 doit avoir pour objectif de mettre fin aux effets négatifs de la PAC sur le développement des paysanneries des pays du Sud. Cela se traduit notamment par la mise en place d’un remboursement des aides de la PAC perçues dans l’UE pour des matières agricoles exportées hors UE.
- Mise en conformité des standards d’importation avec les attentes des citoyen·ne·s européen·ne·s: Pour éviter de placer les paysan·ne·s européen·ne·s en situation de concurrence déloyale face aux puissances agro-industrielles mondiales, deux mesures sont mises en place :
- d’une part, l’importation de denrées alimentaires produites à partir d’OGM est interdite
- d’autre part, l’UE renonce à tout accord de libre-échange incluant le secteur agro-alimentaire.
Pour plus d’informations, consultez notre rapport « Osons une vraie réforme de la PAC ».