QUAND ? mardi 6 octobre à 18h30
OÙ ? Salle des fêtes, Rue du 4 Septembre, à Poligny
POURQUOI ? Le débat public « ImPACtons ! » représente l’occasion de faire entendre la voix des citoyen·ne·s sur le modèle agricole et alimentaire que nous voulons pour demain. La Commission Nationale du Débat Public (CNDP), qui organise ces débats, remettra au Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation un compte rendu détaillé de toutes les contributions et la cartographie des positions et des arguments de tous les participant·e·s. Ces éléments serviront à la rédaction du Plan Stratégique National (PSN), qui correspond à la version nationale de la Politique Agricole Commune (PAC) post 2020.
COMMENT ? Les consignes sanitaires imposant une jauge maximale de 60 personnes, celles et ceux qui souhaitent y participer doivent impérativement s’inscrire, par mail : impactons@debat-cndp.fr ou par téléphone : 01 44 49 85 94. Le port du masque est obligatoire.
“Quelle transition agro-écologique pour l’agriculture ?”
C’est la question d’entrée qui sera posée à l’occasion de la séance de débat public du vendredi 9 octobre. Mais en quoi les citoyen·ne·s sont-ils·elles concerné·e·s ?
- Le débat autour des zones de non traitement (ZNT) illustre la volonté des citoyen·ne·s de voir émerger un mode de production agricole respectueux de leur santé et de leur environnement.
- Néanmoins, la transition agroécologique va plus loin qu’une simple restriction d’usage des pesticides et des engrais de synthèse : elle implique une refonte complète des pratiques agricoles, qui nécessite un réel accompagnement des paysan·ne·s par le biais de la Politique Agricole Commune (PAC).
- La PAC a évolué au fil des réformes pour intégrer des mesures de protection de l’environnement.
- L’éco-conditionnalité, introduite en 2003, est un ensemble de règles environnementales que doivent respecter les paysan·ne·s pour pouvoir bénéficier de la totalité des aides surfaciques de la PAC qu’ils·elles demandent. Parmi ces règles, les BCAE (Bonnes Condition Agricoles et Environnementales) fixent des normes concernant l’entretien des sols, les surfaces agricoles et les animaux. En France, par exemple, il existe une BCAE relative à la protection des haies, nécessaires au maintien des habitats naturels notamment pour la faune (oiseaux et insectes). Le non-respect de ces normes, concernant par exemple la date de taille des haies, est passible de sanctions.
- Le 1er pilier de la PAC se décompose en une majorité d’aides découplées (indépendantes du type de production) et une minorité d’aides couplées (liées à des types de production particulier : élevage bovin et légumineuses, par exemple). Dans les aides découplées, le paiement vert ou « verdissement », introduit en 2014 (environ 30 % du budget du 1er pilier), est accordé aux paysan·ne·s qui respectent trois conditions relatives à la proportion de prairies permanentes par région, aux surfaces d’intérêt écologique et à la diversité de l’assolement sur l’exploitation.
- Le 2nd pilier comprend davantage d’aides en faveur de l’environnement :
- Les aides à la conversion et au maintien de l’agriculture biologique
- Les Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) sont des contrats pluriannuels souscrits volontairement par les paysan·ne·s dans des zones à enjeux biodiversité ou eau. Les engagements vont au-delà de l’éco-conditionnalité et font l’objet d’une compensation financière, de manière à accompagner la transition vers des pratiques plus vertueuses pour l’environnement.
- Les paiements au titre du réseau Natura 2000 et de la directive cadre sur l’eau sont alloués dans le cadre de contrats avec les acteurs territoriaux : les paysan·ne·s (ce sont alors des MAEC biodiversité), mais aussi les particuliers, les associations, les collectivités territoriales, etc. Ces paiements visent à assurer la gestion de sites naturels stratégiques pour la survie à long terme d’espèces et d’habitats particulièrement menacés. 40 % des espaces naturels concernés par le réseau Natura 2000 sont, ou ont été, des terres agricoles.
- Les exigences d’une bonne partie de ces outils environnementaux sont trop faibles. La Cour des Comptes européenne a jugé le paiement vert de la PAC comme totalement inefficace en matière de protection de l’environnement, car les obligations imposées aux paysan·ne·s sont très en deçà de ce qui est nécessaire pour enrayer la perte de biodiversité causée par l’agriculture conventionnelle.
- Ces outils sont rendus presque caducs par les aides directes du 1er pilier (80% du budget de la PAC en France) qui encouragent l’intensification agricole. Entre 2008 et 2018, les doses de pesticides utilisées en agriculture ont ainsi augmenté de 25 %, alors même que la France se positionne au niveau européen comme l’Etat membre le plus favorable à l’agroécologie.
- Même si la PAC actuelle contient des dispositifs visant à développer les pratiques agroécologiques, ni le niveau d’exigence technique de ces aides ni les moyens budgétaires qui leur sont alloués ne sont suffisants pour promouvoir une transition agroécologique digne de ce nom.
Pour que la PAC devienne un véritable levier de la transition agroécologique, plusieurs outils existent :
- L’éco-conditionnalité doit être renforcée de manière à ce que l’octroi des aides de la PAC soit réellement conditionné par le respect de pratiques vertueuses pour l’environnement.
- Aucun budget ne doit être alloué à des pratiques néfastes pour l’environnement. Les aides découplées du 1er pilier, en particulier les paiements de base (DPB), doivent progressivement disparaître car elles soutiennent des pratiques agricoles intensives. A l’inverse, les petites fermes doivent être soutenues car elles sont source d’emploi agricole et donc plus à même d’assurer une diversité de pratiques et de productions. Cela peut être fait en allouant, tant qu’elles existent encore, les aides découplées du 1er pilier à l’actif et non à l’hectare, en majorant davantage ces aides sur les premiers hectares qu’elles ne le sont déjà et en plafonnant ces aides. Ainsi, il deviendra plus intéressant d’employer ou de s’installer plutôt que de s’agrandir.
- Les aides couplées sont un outil de transition permettant de développer une production agricole diversifiée. Elles doivent viser l’élevage de ruminants à condition qu’ils soient au pâturage, les légumineuses (fertilisant naturel) destinées en priorité à l’alimentation humaine et les fruits et légumes frais.
- Au moins 50% du budget de la PAC doit être alloué à des mesures explicitement favorables à l’environnement et à la lutte contre changement climatique.
- Le 2ème pilier, actuellement cinq fois moins doté que le 1er, doit être revalorisé pour renforcer les MAEC et les aides à l’agriculture biologique. Un accompagnement à la transition (individuelle ou collective) doit aussi être mis en place. L’échange entre pair·e·s et la formation des paysan·ne·s doivent être soutenus pour favoriser la circulation des techniques agroécologiques, davantage basées sur le savoir que sur l’acquisition de matériel coûteux. Dans cette même logique, les aides à l’investissement doivent être remplacées par des paiements pour la diversification et l’autonomie des fermes.
- Dans le 1er pilier (à hauteur d’au moins 40% du budget du 1er pilier), La mise en place de paiements pour services environnementaux et de bien-être animal permettrait de rémunérer les paysan·ne·s qui mettent en place des pratiques vertueuses pour ces deux aspects ainsi que pour le climat. Cette rémunération serait fixée selon la présence de prairies et de surfaces pastorales, d’infrastructures agroécologiques (arbres, haies, mares…) et de gestion de l’assolement (part des légumineuses, couverture permanente du sol). L’agriculture biologique serait aussi un critère de paiement pour service environnemental. Le niveau de rémunération serait proportionnel au caractère vertueux des pratiques.
Pour plus d’informations, consultez notre rapport « Osons une vraie réforme de la PAC ».