QUAND ? Mardi 28 octobre à 20h
OÙ ? Grande Salle de Robien, Place Octave Brilleaud, à Saint-Brieuc
POURQUOI ? Le débat public « ImPACtons ! » représente l’occasion de faire entendre la voix des citoyen·ne·s sur le modèle agricole et alimentaire que nous voulons pour demain. La Commission Nationale du Débat Public (CNDP), qui organise ces débats, remettra au Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation un compte rendu détaillé de toutes les contributions et la cartographie des positions et des arguments de tous les participant·e·s. Ces éléments serviront à la rédaction du Plan Stratégique National (PSN), qui correspond à la version nationale de la Politique Agricole Commune (PAC) post 2020.
COMMENT ? Les consignes sanitaires imposant une jauge maximale de 60 personnes, celles et ceux qui souhaitent y participer doivent impérativement s’inscrire, par mail : impactons@debat-cndp.fr ou par téléphone : 01 44 49 85 94. Le port du masque est obligatoire.
“Quelle évolution des pratiques d’élevage ?”
C’est la question d’entrée qui sera posée à l’occasion de la séance de débat public du mercredi 28 octobre. Mais en quoi les citoyen·ne·s sont-ils·elles concerné·e·s ?
- L’élevage est un des rares secteurs capable de diminuer son impact sur le réchauffement climatique en piégeant une partie du carbone émis dans les sols, notamment dans les prairies exploitées par les ruminants. Celles-ci sont de vrais réservoirs de biodiversité et permettent de limiter l’érosion, de filtrer les eaux de surfaces, de limiter les pertes par ruissellement et de recharger les nappes phréatiques, dans des espaces qui ne seraient autrement pas valorisés.
- L’élevage joue un rôle clé dans notre alimentation, de manière directe (diversification de l’offre alimentaire) comme indirecte (fertilisation organique des cultures par apport de fumier et de lisier, transformation des herbes et fourrages en protéines consommables par les humain·e·s). L’élevage a aussi des retombées économiques positives pour de nombreuses industries, car il permet de valoriser leurs co-produits (tourteaux de soja et de tournesol, par exemple).
- L’élevage n’a pas échappé à l’industrialisation de l’agriculture, encouragée par la PAC dès 1962 afin de garantir un « approvisionnement stable en denrées alimentaires à un prix abordable ».
- Les aides du 1er pilier de la PAC (80% de son budget en France) peuvent être demandées par les paysan·ne·s pour toute surface agricole destinée à être récoltée ou pâturée. Ces aides peuvent être allouées indépendamment du type de production (droits à paiement de base, paiement vert, paiement redistributif…) ou en fonction du type de production : on parle alors d’aides couplées. Ces dernières bénéficient surtout à l’élevage, essentiellement bovin mais aussi caprin/ovin (elles sont alors allouées selon le nombre de bêtes). Dans une moindre mesure, ces aides bénéficient aux légumineuses destinées à l’alimentation animale (elles sont alors allouées selon la surface cultivée).
- Les aides du 2ème pilier touchent l’élevage principalement par le biais de l’Indemnité Compensatoire de Handicap Naturel (ICHN), qui aide financièrement les paysan·ne·s situé·e·s dans des zones peu propices aux activités agricoles (très souvent des zones d’élevage extensif). Certaines Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) touchent aussi l’élevage, comme les MAEC « système » permettant d’accroître les complémentarités entre les cultures et l’élevage à l’échelle de la ferme ou encore les MAEC répondant à l’objectif de préservation des ressources génétiques (races menacées).
- Le versement de la plupart des aides de la PAC aux paysan·ne·s est soumis au respect de la conditionnalité, qui comprend actuellement certaines normes relatives à la protection des animaux. Elle reprend uniquement trois directives du corpus législatif européen : la directive générale établissant les normes minimales relatives à la protection des animaux dans les élevages, ainsi que les deux directives établissant des normes minimales de protection des veaux et des porcs.
- L’Union Européenne reconnaît les animaux d’élevage comme étant des êtres sensibles, capables de ressentir la douleur. Malgré cela, des dizaines de milliards d’animaux sont élevés dans des systèmes intensifs, où la priorité est simplement de produire plus, plus vite et moins cher, au détriment du bien-être animal. La conditionnalité à laquelle sont soumises les aides de la PAC relève plutôt de la protection minimale des animaux, et non le respect du bien-être animal, et n’intègre pas tous les textes existants dans le corpus législatif européen. En effet, le respect des réglementations protégeant les poules pondeuses et les poulets de chair, ou encore les animaux pendant le transport et l’abattage ne conditionne actuellement pas le versement des aides PAC.
- Le coût de l’élevage intensif est élevé, aussi bien pour l’environnement (pression sur les ressources en eau et en énergie) que pour la santé publique, avec l’émergence et la transmission croissante de maladies (« vache folle », grippes aviaire et porcine) mais aussi l’antibiorésistance.
- L’élevage intensif nécessite des apports importants en matières riches en protéines pour l’alimentation du bétail. 40% de ces matières sont aujourd’hui importées sous forme de tourteaux de soja en provenance de monocultures sudaméricaines contribuant à la déforestation.
- Il faut créer une conditionnalité renforcée des aides à de véritables critères de bien-être animal, en commençant par intégrer dans la conditionnalité de la PAC les directives sur les poules pondeuses et les poulets de chair mais aussi les autres réglementations de l’Union européenne sur le transport des animaux d’élevage et l’abattage. Des critères plus stricts en matière de pratiques d’élevage devraient par ailleurs encadrer les aides PAC, afin que les aides PAC ne soient pas versées à des élevages maintenant des poules pondeuses en cages par exemple.
- Les aides couplées ne doivent pas être des aides de « survie » de certaines productions mais plutôt un outil de transition permettant de développer des productions insuffisamment présentes sur le territoire français. Ces aides doivent être réorientées en faveur de productions qui permettent de réduire le déficit protéique de la France, à savoir la production de légumineuses (pois fourrager, soja, féverole…), dédiée en priorité à l’alimentation humaine mais aussi à l’alimentation animale, et l’élevage de ruminants à condition qu’ils soient au pâturage.
- Nous devons réduire notre consommation de produits animaux pour réduire notre dépendance aux importations protéiques, en particulier les produits provenant des élevages porcins et volaillers dont les besoins en matières riches en protéines sont plus importants que pour les ruminants.
- Le budget du 2ème pilier, actuellement cinq fois moins doté que le 1er pilier, doit bénéficier d’un transfert d’au moins 15% du 1er pilier afin de garantir l’effectivité de l’ICHN et des MAEC.
- Les services rendus par l’élevage à l’environnement et au bien-être animal doivent être rémunérés par des paiements pour services environnementaux et de bien-être animal, qui représenteraient au moins 40% du budget du 1er Outre le maintien de prairies et de surfaces pastorales, les bonnes pratiques d’élevage devraient être valorisées et récompensées financièrement via des mécanismes de subventionnement spécifiques : des aides supplémentaires pourraient à ce titre venir soutenir les élevages ne pratiquant pas de mutilations sur les volailles, leur offrant un accès à un espace plein air de qualité, offrant une litière aux veaux et porcs…
Pour plus d’informations, consultez notre rapport « Osons une vraie réforme de la PAC ».