QUAND ? Vendredi 6 novembre, à 19H
OÙ ? En ligne
POURQUOI ? Le débat public « ImPACtons ! » représente l’occasion de faire entendre la voix des citoyen·ne·s sur le modèle agricole et alimentaire que nous voulons pour demain. La Commission Nationale du Débat Public (CNDP), qui organise ces débats, remettra au Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation un compte rendu détaillé de toutes les contributions et la cartographie des positions et des arguments de tous les participant·e·s. Ces éléments serviront à la rédaction du Plan Stratégique National (PSN), qui correspond à la version nationale de la Politique Agricole Commune (PAC) post 2020.
COMMENT ? Celles et ceux qui souhaitent participer doivent impérativement s’inscrire auprès de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), organisatrice de ce débat, par mail : impactons@debat-cndp.fr ou par téléphone : 01 44 49 85 94.
“Qui décide de la PAC ? Système d’aides et gouvernance”
C’est la question d’entrée qui sera posée à l’occasion de la séance de débat public du vendredi 30 octobre. Mais en quoi les citoyen·ne·s sont-ils·elles concerné·e·s ?
Les décisions prises dans le cadre de la PAC ont un impact majeur sur notre vie quotidienne. Cet impact concerne non seulement l’agriculture mais aussi l’environnement, l’alimentation, la santé publique… Parce que chaque citoyen·ne européen·ne contribue en moyenne à hauteur de 114 euros au financement de la PAC tous les ans (soit un budget total de 54 milliards d’euros par an), nous devons exiger que ces décisions ne mettent pas en péril l’ensemble de nos communs.
- La PAC est réformée au niveau européen tous les 7 ans. Le Gouvernement français participe au processus décisionnel par le biais de deux canaux principaux :
- Via la participation du chef d’Etat au Conseil européen, qui décide du budget européen (notamment celui de la PAC) et acte certaines grandes lignes de la PAC
- Via la participation du Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation au Conseil de l’Union européenne, qui participe au trilogue avec le Parlement et la Commission européenne pour aboutir à un accord sur le texte de réforme.
- Au niveau national, l’institution clé de la PAC est le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (MAA), plus particulièrement la Direction Générale de la Performance Economique (DGPE). Cette institution est chargée de définir la position de la France dans le cadre des négociations européennes mais aussi de veiller à la mise en œuvre de la PAC au niveau national et donc à l’utilisation de son budget. Les Régions ont un rôle de plus en plus important dans la mise en œuvre du 2e pilier de la PAC en gérant les fonds de développement rural (FEADER).
- Le lobbying s’effectue à plusieurs niveaux pour tenter d’influencer les décisions de la PAC :
- Au niveau européen, les organisations non gouvernementales comme Pour une autre PAC peuvent intervenir auprès des députés du Parlement européen pour obtenir des amendements sur le texte de réforme de la PAC. Les organisations ayant des moyens plus conséquents (notamment celles du secteur privé, comme la grande distribution ou les fournisseurs de l’amont agricole) peuvent intervenir directement auprès du Conseil européen, ou encore lors du
- Au niveau national, les syndicats professionnels agricoles et quelques organisations (dont Pour une autre PAC) peuvent faire remonter leurs revendications au MAA au sein d’une instance de concertation.
- La réforme de la PAC post 2020 donne une marge de manœuvre accrue aux Etats membres pour l’élaboration et la mise en œuvre de la PAC. Tous, y compris la France, doivent rédiger un Plan Stratégique National (PSN), dans lequel ils hiérarchisent les objectifs à atteindre selon les besoins de leurs secteurs agricoles respectifs tout en détaillant la manière dont ils comptent les atteindre. Ces documents devront être validés par la Commission européenne et détermineront la mise en œuvre de la PAC après 2020. C’est dans le PSN de la France que le MAA doit tenir compte des recommandations émises par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) à l’issue du débat « ImPACtons ! ».
- La PAC actuelle reflète insuffisamment les préoccupations des citoyen·ne·s alors même qu’elle est financée par leurs impôts. Un sondage réalisé par Pour une autre PAC en partenariat avec IPSOS a par exemple montré que seul·e·s 15% des Français·es estiment que la PAC devrait avoir comme priorité l’exportation de denrées agricoles à travers le monde. Pourtant, en 2019, les exportations agricoles européennes ont atteint un niveau record, confortant l’Union européenne dans son rôle de grande puissance mondiale dans le commerce des denrées agricoles et alimentaires.
- Le caractère insuffisamment intersectoriel du processus décisionnel de la PAC nuit à la prise en compte de ses impacts sociétaux. Les institutions en charge de l’environnement et de la santé publique aux niveaux national et européen sont insuffisamment écoutées pour que la PAC puisse réellement tenir compte de ses effets délétères dans leurs domaines.
- En France, l’efficacité des aides de la PAC est incertaine. La Cour des Comptes a pointé que les dépenses du 1er pilier (qui captent 80% du budget de la PAC) « souffrent d’une insuffisance d’évaluation et de pilotage par objectif, que le mode de répartition de ces aides, facteur de fortes inégalités, n’a plus de justification pertinente et, enfin, que les effets de ces aides sont, au mieux, incertains, que ce soit au regard du revenu des agriculteurs, de l’économie des exploitations ou de l’environnement ».
- Les attentes des citoyen·ne·s doivent être mieux prises en compte à travers :
- L’intégration de représentant·e·s de la société dans les instances de concertation à toutes les échelles (locales, nationales, européennes) et le renforcement du pouvoir de ces instances ;
- L’affirmation des Régions comme un maillon crucial pour la garantie de l’adéquation entre les mesures mises en œuvre et les attentes des citoyen·ne·s ;
- Une transparence accrue des décisions relatives à la définition ou la mise en œuvre de la PAC ;
- Une intersectorialité accrue dans le processus décisionnel de la PAC afin que les instances en charge de la santé et de l’environnement soient davantage écoutées.
- L’efficacité de la PAC doit être améliorée à travers :
- La réalisation régulière d’évaluations indépendantes et obligatoires en accord avec le calendrier des réformes ;
- L’harmonisation des montants des Droits à Paiements de Base (DPB) du 1er pilier à l’échelle du territoire pour mettre fin à leur caractère inégal, en vue de leur suppression définitive au profit d’aides plafonnées qui seraient allouées non pas à l’hectare mais à l’actif pour encourager la création d’emplois ;
- Le renforcement de la conditionnalité pour bénéficier des aides de la PAC ;
- La mise en place de Paiements pour Services Environnementaux (PSE) dans le 1er pilier pour rémunérer les pratiques vertueuses des paysan·ne·s sur le plan environnemental.
- Enfin, la crise du COVID-19 souligne l’urgence de réorienter la PAC pour en faire un instrument au service de la souveraineté alimentaire pour l’Union européenne et non du commerce international. Outre le refus de tout nouvel accord de libre-échange, cela signifie que les aides de la PAC doivent privilégier la relocalisation de nos systèmes alimentaires (par exemple via les aides à la diversification et à l’autonomie des fermes, les aides couplées aux légumineuses et les projets alimentaires territoriaux) plutôt que la recherche de compétitivité.
Pour plus d’informations, consultez notre rapport « Osons une vraie réforme de la PAC ».