Mar­di 7 mai au café asso­ci­atif “Le Zef” à Brunoy (Essonne), après un présen­ta­tion fouil­lée de la PAC, son fonc­tion­nement et sa réforme, deux can­di­dats ont échangé avec les citoyens sur ce sujet majeur pour l’Europe.

Valoriser le local, le low-tech et le bio

Après avoir présen­té sa liste et l’approche décrois­sante, François Ver­ret (Décrois­sance 2019) a cen­tré son pro­pos sur l’importance de lut­ter con­tre une dépen­dance crois­sante de l’agriculture aux out­ils tech­nologiques et la néces­sité de faire pay­er le trans­port au vrai prix afin que le local rede­vi­enne avan­tageux com­par­a­tive­ment aux pro­duits venus du sud de l’Espagne ou de pays non com­mu­nau­taires. Assumant pleine­ment d’être dans une can­di­da­ture de témoignage, François Ver­ret n’a pas occupé la parole autant que l’autre candidat.

Mounir Satouri (EELV) a com­mencé en insis­tant sur l’exigence trans­ver­sale à avoir avec l’agriculture biologique qui ne peut se lim­iter à une agri­cul­ture sans pes­ti­cides. « Je veux rap­pel­er la dif­férence entre la bio et le bio. La bio est une approche générale de la pro­duc­tion en local à petite échelle et en poly­cul­ture tan­dis que le bio est juste un change­ment mar­gin­al con­sis­tant à sup­primer les intrants chim­iques de syn­thèse sans chang­er les autres paramètres. »

Se battre au côté des agriculteurs et arrêt l’aide à l’export

Le can­di­dat a ensuite pré­cisé son rap­port à plusieurs par­ties prenantes de la réforme de la PAC. La Com­mis­sion d’une part : “Il faut rap­pel­er que la Com­mis­sion a voulu accélér­er le vote au Par­lement Européen [afin que la PAC soit voté à la fin de la présente man­da­ture] et ain­si empêch­er le débat citoyen.” Et les agricul­teurs d’autre part : “On ne se bats pas con­tre les agricul­teurs on se bat con­tre les lob­bys du secteur agro-indus­triel.” Pour preuve, il insiste sur l’importance de con­serv­er une pop­u­la­tion agri­cole nom­breuse. Pour cela, “Il faut accélér­er l’installation” et “Il faut lim­iter la rente, par le pla­fon­nement des aides”.

Il annonce que la pre­mière mesure que pro­posera sa liste au par­lement ? “L’in­stau­ra­tion d’un « pro­tec­tion­nisme vert, sur critère envi­ron­nemen­tal” . Et d’ajouter : “Il faut arrêter les sub­ven­tions à l’exportation, c’est une propo­si­tion sim­ple pré­cise et à effet immédiat.”

Des citoyens qui croient au local

La parole a ensuite été don­née aux citoyens présents. Un pre­mier pro­pose de com­pléter les 12 pri­or­ités de la plate­forme: “Pour moi, il y manque deux points. Le pre­mier con­siste à empêch­er que des firmes rem­pla­cent les paysans : il faut garan­tir que les paysans qui touchent leurs aides soient basées sur leurs ter­res. Le deux­ième est de totale­ment écarter les agro­car­bu­rants des cul­tures pou­vant béné­fici­er d’aides de la PAC”.

Un sec­ond insiste sur l’importance de “s’organiser au niveau micro local. A ce sujet, j’ai un témoignage avec notre asso­ci­a­tion (Terre de Liens). Cette année on a trois pro­duc­teurs chez nous qui déci­dent de se détach­er du label bio [sans pour autant chang­er leurs pra­tiques]. Quand on vend en local la con­fi­ance rem­place le label, qui est coû­teux et n’est pas assez con­traig­nant sur cer­tains points : ce label autorise cer­tains pro­duits que eux-mêmes s’interdisent ! Se con­tenter du label bio c’est ris­quer une rup­ture de con­fi­ance .” Mounir Satouri (EELV) com­plète : “Les pro­jets ali­men­taires ter­ri­to­ri­aux (PAT)  peu­vent être une for­mi­da­ble manière de dévelop­per ce tis­su ali­men­taire local. Et si les mil­liards de la pac ser­vaient des pro­jets ter­ri­to­ri­aux ? Ce serait une for­mi­da­ble dynamique ter­ri­to­r­i­al citoyenne et démoc­ra­tique per­me­t­tant de racheter des ter­res, de dévelop­per des fil­ières locales etc.” Mais il prévient, pour y arriv­er, “nous avons besoin d’une ambi­tion poli­tique forte et d’une pres­sion citoyenne plus intense”. Notam­ment, ” il faut que les citoyens restent citoyens quand ils sont con­som­ma­teurs”. Il illus­tre cette affir­ma­tion : “On a mis deux ans à obtenir que la sur­face moyenne par poule dans les éle­vages passe de l’équivalent d’une feuille A4 à une feuille A4 plus une carte postale. En revanche, quand la prise de con­science des con­som­ma­teurs a été là, l’ac­céléra­tion a été mon­u­men­tale”. C’est pourquoi “Il faut que la pres­sion citoyenne soit per­ma­nente forte et croissante”.

Au-delà du vote, comment agir ?

En fin de débat, une citoyenne s’interroge : “Et au-delà de tout ce qui a été dit, com­ment agir ? Que peut-on faire à part vot­er et con­som­mer local ?”. Les sug­ges­tions fusent : inve­stir son épargne dans des pro­jets d’agriculture biologique avec la fon­da­tion Terre de Liens, être sol­idaire des paysans en adhérent à une AMAP, s’engager dans les asso­ci­a­tions mem­bres de la plate­forme Pour une autre PAC et porter ce sujet avec elles auprès de tous les public.

La soirée s’est con­clue par la sig­na­ture des 12 pri­or­ités par les deux can­di­dats, à l’invitation des organisateurs.