Note : le candidat Jérémy Decerle (Renaissance) avait confirmé sa présence mais a annulé au dernier moment.
Lundi 13 mai, à Chalon-sur-Saône avait lieu une table de débat citoyen, au cours de laquelle 70 citoyen·e·s ont pu échanger avec les deux candidates présentes.
Après une présentation générale de la Politique Agricole Commune, Catherine Hervieu (EELV) et Laurence Lyonnais (LFI) ont exposé leur constat et leur programme pour la prochaine PAC, avant d’échanger avec les citoyen·e·s présent·e·s.
Démocratie alimentaire et soutien aux paysan·ne·s
Laurence Lyonnais (La France Insoumise) a dressé le constat d’une agriculture aujourd’hui dans l’impasse: “les sols sont morts, il n’y a plus d’abeilles, et le libre échange entraîne une concurrence entre les paysans dans le monde”, pour ensuite insister sur sa volonté de mettre en oeuvre, dès 2020, une Politique Agricole et Alimentaire Commune qui intégrerait pleinement une dimension sociale et alimentaire.
Elle a ensuite présenté le programme de la France Insoumise sur la PAC en 3 points : sortir l’agriculture des accords de libre-échange, protéger la biodiversité et nourrir dignement la population en mettant en place une “démocratie alimentaire”. Elle a aussi annoncé vouloir “sortir de l’aide à la surface en plafonnant les subventions à 60 000 € par actif agricole ». Ces aides devrait alors être rediriger vers la formation et l’installation HCF (“hors cadre familial”, aides destinées aux agriculteurs qui s’installent et qui ne sont pas fils ou filles d’agriculteurs).
Catherine Hervieu (EELV) a commencé en rappelant la situation actuelle : aujourd’hui l’agriculture est responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre. Pour répondre aux attentes de la société, “la PAC doit nous permettre d’aller vers une agriculture 100% bio et locale”. Elle précise qu’il faut donner les moyens de cette transition, puisqu’il n’est “pas question de laisser les producteurs seuls devant ce cap”. Elle a ensuite présenté la volonté d’EELV de porter le budget de l’Union Européenne à 1000 milliards, dont une bonne partie viendrait renforcer la PAC (pour rappel, le budget actuel est d’environ 160 milliards, dont un peu plus de 50 milliards pour la PAC). Elle a enfin insisté sur le blocage nécessaire des certaines importations, et notamment celles de soja.
Comment atteindre le 100% bio?
L’échange s’est ensuite prolongé avec la salle. Nicolas Girod, Secrétaire National de la Confédération Paysanne a ouvert la discussion en insistant sur l’important potentiel social de la PAC. Aujourd’hui, “elle a très peu de leviers sociaux, mais avec une PAC plus vertueuse, on peut créer énormément d’emplois”. Puis, l’une des organisatrices du débat, a proposé de mettre en place un plafonnement des surfaces pour permettre l’installation des jeunes.
Un citoyen dans la salle a ensuite interpellé les candidates en leur demandant “comment peut-on s’y prendre pour atteindre le 100% bio? En effet, les céréaliers ne sont pas favorables à cette transition. Il y a un travail important de pédagogie à faire auprès des agriculteurs, des coopératives agricoles et des vendeurs”.
D’après Catherine Hervieu, cette évolution doit d’appuyer sur la mutation générationnelle en cours. La PAAC post 2020 doit accompagner cette mutation et envoyer un signal fort dans le sens de l’attente des consommateurs. Pour Laurence Lyonnais, encourager la transition vers le bio passe par le renforcement des aides et de la formation, en faisant progresser les enseignements agricoles. Elle estime que le budget est déjà disponible pour mettre en place les propositions de la plateforme, et qu’il manque simplement un changement politique pour mettre en oeuvre la transition.
Le débat s’est conclu par la signature des 12 priorités de la part les deux candidates.