QUAND ? Mercredi 30 septembre à 18h30
OÙ ? Couvent des Cordeliers, Forcalquier
POURQUOI ? Le débat public « ImPACtons ! » représente l’occasion de faire entendre la voix des citoyen·ne·s sur le modèle agricole et alimentaire que nous voulons pour demain. La Commission Nationale du Débat Public (CNDP), qui organise ces débats, remettra au Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation un compte rendu détaillé de toutes les contributions et la cartographie des positions et des arguments de tous les participant·e·s. Ces éléments serviront à la rédaction du Plan Stratégique National (PSN), qui correspond à la version nationale de la Politique Agricole Commune (PAC) post 2020.
COMMENT ? Les consignes sanitaires imposant une jauge maximale de 60 personnes, celles et ceux qui souhaitent y participer doivent impérativement s’inscrire auprès de la CNDP, par mail : impactons@debat-cndp.fr ou par téléphone : 01 44 49 85 94. Le port du masque est obligatoire.
“Comment cohabiter dans les campagnes ?”
C’est la question d’entrée qui sera posée à l’assemblée de ce débat public, ce mercredi 30 septembre.
L’agriculture joue sur le dynamisme des zones rurales selon sa capacité à créer de l’emploi. Moins elle crée d’emplois, plus les campagnes se vident au profit des villes et plus celles-ci s’étalent en pressurisant le foncier agricole. Ce phénomène compromet la transmission des fermes ou l’installation de nouveaux·lles paysan·ne·s et accentue le phénomène d’exode rural. Au contraire, plus notre agriculture crée des emplois, plus elle a un effet d’entraînement sur le reste de l’économie rurale et plus elle justifie le maintien d’un service public de qualité (santé, éducation, culture, …). De la sorte, les campagnes sont attractives et les territoires occupés de manière équilibrée.
Les campagnes, comme les villes, sont avant tout le résultat de l’aménagement des territoires, qui fait elle-même l’objet de décisions politiques. Tou·te·s les habitant·e·s ont donc voix au chapitre pour déterminer l’utilisation de leurs territoires, quelle que soit leur profession.
Si les paysan·ne·s sont désormais minoritaires dans les campagnes, c’est une conséquence directe de l’évolution de la PAC et de ses dérives. Dès ses débuts (1962), la PAC a cherché à accroître la productivité de l’agriculture afin d’assurer l’autonomie alimentaire de l’Europe. Cette modernisation a permis un transfert de main d’œuvre rurale vers le secteur industriel. Résultat : entre 1988 et 2010, la France a perdu la moitié de ses exploitations et de ses travailleur·se·s agricoles, si bien qu’aujourd’hui la production de notre alimentation repose sur moins de 5% de la population active contre plus du quart en 1954.
Les principaux outils de la PAC actuelle permettant de soutenir l’emploi agricole et rural sont :
- Le paiement redistributif (10% du budget du 1er pilier en France, soit 728 millions d’€), qui verse une surprime aux 52 premiers ha d’une ferme pour encourager le maintien de petites fermes, davantage créatrices d’emplois ;
- La prime pour les jeunes agriculteurs (1% du budget du 1er pilier en France, soit 75 millions d’€), qui soutient l’installation de nouveaux·lles paysan·ne·s de moins de 40 ans ;
- La dotation jeunes agriculteurs (DJA) (7% du budget du 2ème pilier en France, soit 130 millions d’€), qui peut être bonifiée notamment pour les projets particulièrement créateurs d’emploi ;
- L’Indemnité Compensatoire de Handicap Naturel (ICHN) (60% du budget du 2ème pilier en France, soit 1,1 milliards d’€), qui permet de maintenir une activité agricole dans les zones désavantagées
- Le programme LEADER (2ème pilier), qui permet de financer des projets de développement rural à l’échelle des territoires ;
- Les aides à la formation et à la coopération (2ème pilier), qui financent le recrutement d’animateur·ice·s au service de groupes de paysan·ne·s.
Une approche schizophrénique pour l’emploi agricole :
- La logique d’intervention du 1er pilier de la PAC rend presque vain tout effort en faveur de l’emploi agricole. En effet, les droits à paiement de base (DPB), qui constituent son principal instrument (environ 30% du budget du 1er pilier, soit 2,2 milliards d’€), sont alloués à la surface et non à l’actif. L’absence de leur plafonnement par actif favorise l’agrandissement de fermes, la capitalisation foncière et la perte d’attractivité des campagnes. Par ailleurs, la France aurait pu aller plus loin avec le paiement redistributif en lui allouant jusqu’à 20% du budget du 1er pilier, mais n’a pas souhaité le faire.
- Les mesures du second pilier (cinq fois moins doté que le second) sont intéressantes mais marginales. La DJA exclut de fait une majorité de candidat·e·s à l’installation, car ses critères ne sont pas adaptés à la diversité des porteur·se·s de projet et des types de fermes potentiellement concernés. En outre, cette mesure est insuffisamment complétée de dispositifs en faveur de la transmission des fermes ou encore de la recherche de foncier, si bien qu’elle ne traite en réalité qu’une partie du problème.
Aucune initiative pour relocaliser les systèmes alimentaires, pourtant créateurs d’emplois. Les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) sont un moyen efficace de créer de l’emploi en zone rurale à travers la relocalisation des filières agricoles et alimentaires. Pourtant, ils ne sont pas éligibles aux aides de la PAC. Les programmes opérationnels, un outil de l’Organisation Commune des Marchés (OCM), sont quant à eux insuffisamment tournés vers le développement de chaînes de valeur au niveau territorial. Les aides à l’investissement sont davantage tournées vers la recherche de productivité de l’agriculture et ne ciblent pas spécifiquement la relocalisation des systèmes alimentaires.
- Les DPB du 1er pilier doivent être progressivement supprimés pour cesser d’encourager l’agrandissement des fermes. Tant qu’ils existent encore, les DPB doivent être alloués non pas à l’hectare mais selon le nombre d’actifs sur une ferme, tout en étant plafonnés. Cela permettrait d’encourager la création d’emplois agricoles et de densifier le tissu économique en milieu rural.
- Les systèmes agricoles et alimentaires doivent être relocalisés :
- Les projets alimentaires territoriaux doivent être rendus éligibles au financement par le budget de la PAC pour encourager la création d’emplois agricoles et ruraux via la relocalisation des systèmes agricoles et alimentaires.
- Les programmes opérationnels doivent être davantage tournés vers le développement de chaînes de valeur au niveau territorial.
- Les aides à l’investissement doivent être réorientées vers la diversification et l’autonomisation, c’est-à-dire vers des projets tels que la création d’outils de transformation à la ferme, ou collectifs, gérés par un groupe de paysan·ne·s.
- Le renouvellement des générations est un enjeu tellement important pour l’agriculture française mais aussi européenne que les aides qui y sont dédiées devraient basculer dans le 1er pilier pour assurer leur financement systématique. Ainsi couplée à la prime pour les jeunes agriculteurs, la DJA deviendrait le paiement pour les nouveaux·lles installé·e·s et bénéficierait d’un financement de base à 100 %européen et uniforme sur tout le territoire français. Le critère d’âge pour toucher ce paiement aux nouveaux·lles installé·e·s serait élargi de 40 à 50 ans.
- Les aides du 2ème pilier telles que l’ICHN, le programme LEADER ainsi que les aides à la formation et à la coopération doivent être maintenues et revalorisées, notamment grâce à un transfert de fonds du 1er vers le 2ème pilier à hauteur d’au moins 15% du budget du 1er
Pour plus d’informations, consultez notre rapport « Osons une vraie réforme de la PAC » : https://pouruneautrepac.eu/publication-osons-une-vraie-reforme-de-la-pac/