QUAND ? Jeudi 22 octobre à 18h30
OÙ ? Expo Pyrénées Congrès — Hall 4, salle Marboré, Boulevard Kennedy, Tarbes
POURQUOI ? Le débat public « ImPACtons ! » représente l’occasion de faire entendre la voix des citoyen·ne·s sur le modèle agricole et alimentaire que nous voulons pour demain. La Commission Nationale du Débat Public (CNDP), qui organise ces débats, remettra au Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation un compte rendu détaillé de toutes les contributions et la cartographie des positions et des arguments de tous les participant·e·s. Ces éléments serviront à la rédaction du Plan Stratégique National (PSN), qui correspond à la version nationale de la Politique Agricole Commune (PAC) post 2020.
COMMENT ? Les consignes sanitaires imposant une jauge maximale de 60 personnes, celles et ceux qui souhaitent y participer doivent impérativement s’inscrire, par mail : impactons@debat-cndp.fr ou par téléphone : 01 44 49 85 94. Le port du masque est obligatoire.
“Revenu agricole : comment relever le défi ?”
- Le revenu que tirent les paysan·ne·s de leur activité est le principal critère d’attractivité du secteur agricole. Un revenu trop bas voire négatif met en danger la viabilité de leurs fermes, ainsi que la pérennité de la production agricole et de l’accès à l’alimentation pour les consommateur·rice·s.
- La diminution du nombre de fermes est synonyme d’agrandissement des fermes et d’une dépendance accrue aux importations. C’est pourquoi le niveau de revenu des paysan·ne·s influence directement la qualité de notre modèle agricole et alimentaire.
- Outre sa fonction de répondre au besoin vital qu’est l’alimentation, le secteur agricole est soumis à de nombreux aléas biophysiques, ce qui le rend particulièrement propice aux fluctuations de rendements avec un impact direct sur le revenu des paysan·ne·s et la disponibilité alimentaire. Ce n’est pas un secteur économique comme les autres, ce qui justifie un soutien particulier. Dès ses débuts en 1962, la PAC a eu pour objectif de « soutenir les agriculteurs et améliorer la productivité agricole, en garantissant un approvisionnement stable en denrées alimentaires à un prix abordable ».
- Pour atteindre cet objectif, la PAC intervenait sur les marchés agricoles et assurait une garantie d’achat aux paysan·ne·s, notamment à travers un prix plancher et des prélèvements à l’importation. Suite à l’entrée dans le libre-échange dans les années 1980–1990, ces mesures sont devenues incompatibles avec les règles du commerce international. C’est à partir de ce moment que la PAC a progressivement délaissé la régulation des marchés au profit du soutien au revenu des paysan·ne·s.
- Les aides de la PAC sont distribuées par deux biais. Le 1er pilier de la PAC (80% de son budget en France) verse des aides directes aux paysan·ne·s pour le seul fait de produire : les plus importantes sont les des droits à paiement de base (DPB). Le 2ème pilier de la PAC (20% de son budget en France) comprend des aides en soutien au développement rural, avec certaines mesures en faveur de l’installation (Dotation Jeunes Agriculteurs – DJA), de l’environnement (Mesures Agro-Environnementales et Climatiques — MAEC) ou encore de la prise en compte des conditions naturelles difficiles (Indemnité Compensatoire de Handicap Naturel – ICHN).
- Toutes les aides du 1er pilier et une partie des aides du 2ème pilier sont surfaciques, c’est-à-dire qu’elles sont allouées en fonction du nombre d’hectares exploités par les paysan·ne·s. Cela représente l’essentiel des aides de la PAC (63% de la valeur des aides en France en 2018). Pour toucher la totalité des aides surfaciques qu’ils·elles demandent, les paysan·ne·s sont soumis·es au respect des règles de la conditionnalité.
- Sans régulation des marchés et maîtrise des productions, les prix fluctuent fortement et sont tirés à la baisse, tout comme le revenu des paysan·ne·s. Sans revenu, le métier de paysan·ne ne peut être attractif. Or, l’agriculture doit être attractive pour installer un grand nombre de paysan·ne·s et engager la transition agroécologique.
- Les aides du 1er pilier, attribuées selon le nombre d’hectares d’une ferme, soutiennent davantage l’agrandissement des fermes que le revenu des paysan·ne·s. La taille moyenne des fermes est ainsi passée de 28 hectares en 1988 à 63 hectares en 2016, alors que le revenu annuel d’un·e paysan·ne sur trois a été inférieur à 9 500€ chaque année de 2008 à 2015 (sauf en cultures céréalières et industrielles).
- Les aides du 2ème pilier sont cinq fois moins dotées que les aides du 1er pilier, alors qu’elles ciblent des pratiques plus vertueuses pour l’emploi agricole et l’environnement. Dans le même temps, les aides du 1er pilier continuent à éliminer les paysan·ne·s, à dégrader l’environnement et la biodiversité.
- 54% des aides directes sont allouées à 20% des plus grosses fermes en France, ce qui prouve qu’il y a un problème de répartition des aides au détriment des paysan·ne·s qui en ont le plus besoin.
- Les paysan·ne·s veulent être rémunérés avant tout par des prix et non par des subventions. Pour garantir des prix et des revenus justes et stables, une régulation accrue des marchés est nécessaire via l’Organisation Commune des Marchés (OCM), notamment des incitations à la limitation de production et l’arrêt des accords de libre-échange pour les produits agricoles et alimentaires.
- La conditionnalité doit être rénovée pour que les aides de la PAC encouragent des pratiques réellement vertueuses. La conditionnalité environnementale doit être renforcée en intégrant par exemple des critères sur la diversité des cultures ou encore la présence d’infrastructures agroécologiques sur la ferme. Une conditionnalité sociale doit être créée pour empêcher le recours à des travailleur·se·s détaché·e·s, ainsi qu’une véritable conditionnalité pour le respect du bien-être des animaux d’élevage, en intégrant par exemple les directives sur les poules pondeuses et les poulets de chair et les règlements de l’Union européenne sur le transport et l’abattage des animaux d’élevage.
- Tant qu’elles existent encore, les aides directes et en particulier les DPB devront être fortement majorées sur les premiers hectares et plafonnées à l’actif. De la sorte, embaucher ou s’installer deviendra plus attractif que s’agrandir et sera un moteur d’emploi agricole.
- Le marché ne peut à lui seul prendre en compte les différents aspects d’une ferme, de sa production, de ses pratiques. Le 2ème pilier doit être revalorisé au moins à hauteur de 15% du budget du 1er pilier pour mieux prendre en compte les contraintes naturelles, la problématique de l’installation, ainsi que les pratiques vertueuses pour l’emploi agricole, l’environnement et le bien-être animal. Une aide aux petites fermes doit être mise en place au sein du 2ème pilier pour reconnaître leur multifonctionnalité et pour soutenir l’emploi qu’elles créent sur les territoires.
- Les pratiques vertueuses doivent être rémunérées par des paiements pour services environnementaux et pour le bien-être animal, proportionnellement au caractère vertueux des pratiques (maintien en agriculture biologique, maintien de prairies et surfaces pastorales…). Ces paiements devraient représenter au moins 40% du budget du 1er pilier de la PAC.
Pour plus d’informations, consultez notre rapport « Osons une vraie réforme de la PAC ».