Le lundi 13 juin, se tenait à Luxembourg la sixième et dernière réunion des ministres européens de l’Agriculture présidée par la France. Les dossiers législatifs discutés ces six derniers mois devront prochainement être repris par la République tchèque. A l’agenda de ce deuxième et dernier Conseil présidé par le nouveau ministre français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, figuraient, notamment, la faisabilité d’une mise en œuvre de la réciprocité des normes dans les échanges commerciaux et la révision de la directive sur l’utilisation durable des pesticides.
Réciprocité des normes : la France invite à poursuivre le travail en arrière plan de la crise Ukrainienne
Cet enjeu était affiché comme politiquement prioritaire par la France en amont de sa présidence du Conseil, en dehors de tout agenda législatif concret auquel se raccrocher. Suite à un débat intervenu à l’occasion de l’accord sur la réforme de la PAC en juin 2021, une déclaration commune du Conseil et du Parlement européen invitait la Commission à présenter, avant juin 2022, un rapport relatif à l’application des normes sanitaires et environnementales de l’Union aux produits agricoles et agroalimentaires importés. Ce lundi 13 juin, la Commission a donc présenté son rapport dans les délais, bien que la France aurait souhaité qu’il soit publié plus tôt pour pouvoir s’en saisir pleinement durant sa présidence¹. La réciprocité des normes est passée au second plan à cause de la guerre en Ukraine, mais la France entend toutefois donner suite au rapport de la Commission, qui confirme la faisabilité « au cas par cas » de cette réciprocité. Marc Fesneau a ainsi invité les ministres à s’exprimer sur leurs priorités et leur volonté de poursuivre le travail sur le sujet. Il a plus particulièrement encouragé la future présidence tchèque du Conseil de l’UE à continuer de faire vivre les échanges entre les États membres, alors que la Suède (qui assurera la présidence début 2023) a exprimé ses réticences sur la mise en œuvre de la réciprocité des normes.
Directive SUD : levée de bouclier des États membres sur l’ambition du nouveau règlement
A l’agenda du Conseil de lundi dernier également, figurait le projet de règlement révisant la directive de 2009 sur l’utilisation durable des pesticides (dite SUD), qui doit fixer le cap pour parvenir à atteindre les cibles fixées dans le Pacte vert (réduction de 50% de l’usage des pesticides en 2030). La Commission présentera seulement le 22 juin sa proposition, mais les ministres se sont d’ores et déjà saisis du sujet au Conseil Agriculture de mars, en faisant part, notamment, de leurs inquiétudes vis-à-vis du caractère contraignant des cibles de réduction que souhaiterait fixer la Commission. Lundi encore, plusieurs États se sont insurgés contre les ambitions jugées trop élevées du nouveau règlement. La France ne faisait pas partie de ces États, étant donné qu’une posture de neutralité incombe au ministre qui préside les débats en Conseil.
D’ici le terme de la présidence française du Conseil de l’UE à la fin du mois, d’autres sujets agricoles seront encore traités à l’occasion du Conseil Environnement du 28 juin (le règlement sur la déforestation importée notamment). Viendra ensuite l’heure du bilan de ces six mois de PFUE, restés discrets en raison des élections présidentielle puis législatives françaises ainsi que de la prévalence de la guerre en Ukraine sur tout autre sujet.