QUAND ? Vendredi 18 septembre à 18h30
OÙ ? Pôle Agglo, 21 rue Lycette Darsonval, Saint Lô
POURQUOI ? Le débat public « ImPACtons ! » représente l’occasion de faire entendre la voix des citoyen·ne·s sur le modèle agricole et alimentaire que nous voulons pour demain. La Commission Nationale du Débat Public (CNDP), qui organise ces débats, remettra au Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation un compte rendu détaillé de toutes les contributions et la cartographie des positions et des arguments de tous les participant·e·s. Ces éléments serviront à la rédaction du Plan Stratégique National (PSN), qui correspond à la version nationale de la Politique Agricole Commune (PAC) post 2020.
COMMENT ? Les consignes sanitaires imposant une jauge maximale de 60 personnes, celles et ceux qui souhaitent y participer doivent impérativement s’inscrire, par mail : impactons@debat-cndp.fr ou par téléphone : 01 44 49 85 94. Le port du masque est obligatoire.
“Quels modèles agricoles pour la société française ?”
C’est la question d’entrée qui sera posée à l’assemblée du premier débat public, ce vendredi 11 septembre.
Pour pousser, les plantes (cultivées ou sauvages) se nourrissent d’eau, de carbone et de nutriments (azote, phosphore, potassium) présents dans le sol. Ces nutriments proviennent notamment de la dégradation de la matière organique par la faune du sol. Autrement dit : l’eau, l’air, le sol et la biodiversité sont les conditions sine qua none pour que l’agriculture puisse exister !
L’impact de l’agriculture sur ces ressources est très variable selon les pratiques mises en œuvre. on des ressources naturelles.
La PAC a évolué au fil des réformes pour intégrer des mesures de protection des ressources naturelles.
- L’éco-conditionnalité, introduite en 2003, est un ensemble de règles environnementales que doivent respecter les paysan·ne·s pour pouvoir bénéficier de la totalité des aides surfaciques de la PAC qu’ils·elles demandent.
- Le paiement vert (ou « verdissement »), introduit en 2014, est accordé aux paysan·ne·s qui respectent trois conditions relatives à la proportion de prairies permanentes par région, aux surfaces d’intérêt écologique et à la diversité de l’assolement sur l’exploitation.
- Les aides à la conversion et au maintien de l’agriculture biologique visent à compenser les surcoûts et manques à gagner liés aux pratiques biologiques.
- Les Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) sont des contrats pluriannuels souscrits volontairement par les paysan·ne·s dans des zones à enjeux biodiversité ou eau. Les engagements vont au-delà de l’éco-conditionnalité et font l’objet d’une compensation financière, de manière à accompagner la transition vers des pratiques plus vertueuses pour l’environnement.
- Les paiements au titre du réseau Natura 2000 et de la directive cadre sur l’eau sont alloués dans le cadre de contrats avec les acteurs territoriaux : les paysan·ne·s (ce sont alors des MAEC biodiversité), mais aussi les particuliers, les associations, les collectivités territoriales, etc. Ces paiements visent à assurer la gestion de sites naturels stratégiques pour la survie à long terme d’espèces et d’habitats particulièrement menacés. 40 % des espaces naturels concernés par le réseau Natura 2000 sont, ou ont été, des terres agricoles .
- Les exigences d’une bonne partie de ces outils environnementaux sont trop faibles. La Cour des Comptes européenne a jugé le verdissement de la PAC comme totalement inefficace en matière de protection de l’environnement, car les obligations imposées aux paysan·ne·s sont très en deçà de ce qui est nécessaire pour enrayer la perte de biodiversité causée par l’agriculture conventionnelle.
- Ces outils sont rendus presque caducs par les aides directes du 1er pilier (80% du budget de la PAC en France) qui encouragent l’intensification agricole. Entre 2008 et 2018, les doses de pesticides utilisées en agriculture ont ainsi augmenté de 25 %. Les effets néfastes du modèle actuel sur les ressources naturelles sont avérés. Quelques exemples en France :
- En 2003, des prélèvements réalisés par l’Institut Français pour l’Environnement (IFEN) ont révélé que dans 40 % des cas, la présence de pesticides entraînait une qualité insuffisante de l’eau pour être potable ;
- En 2016, l’agriculture a causé 93,9% des émissions d’ammoniac, source de particules fines dans l’air ;
- En 2018, les études du Muséum national d’Histoire naturelle et du CNRS ont montré que les populations d’oiseaux des campagnes avaient diminué d’un tiers en 15 ans du fait des pratiques agricoles intensives.
Pour préserver davantage les ressources naturelles, la PAC doit devenir un levier de transition agroécologique. Plusieurs outils existent :
- La conditionnalité doit être renforcée de manière à ce que l’octroi des aides de la PAC soit conditionné par le respect de pratiques vertueuses pour l’environnement.
- Aucun budget ne doit être alloué à des pratiques néfastes pour l’environnement. Les aides découplées du 1er pilier doivent progressivement disparaître car elles soutiennent des pratiques agricoles intensives. A l’inverse, les petites fermes doivent être soutenues car elles sont source d’emploi agricole et donc plus à même d’assurer une diversité de pratiques et de productions.
- Les aides couplées sont un outil de transition permettant de développer une production agricole diversifiée. Elles doivent viser l’élevage de ruminants à condition qu’ils soient au pâturage, les légumineuses destinées en priorité à l’alimentation humaine et les fruits et légumes frais.
- Au moins 50 % du budget de la PAC doit être alloué à des mesures explicitement favorables à l’environnement et à la lutte contre changement climatique.
- Le 2ème pilier, actuellement cinq fois moins doté que le 1er, doit être revalorisé pour renforcer les MAEC et les aides à l’agriculture biologique. Les aides à l’investissement devraient être remplacées par des paiements pour la diversification et l’autonomie des fermes. Un accompagnement à la transition (individuelle ou collective) devrait aussi être mis en place.
- Dans le 1er pilier (à hauteur d’au moins 40 % du budget du 1er pilier), la mise en place de paiements pour services environnementaux et de bien-être animal permettrait de rémunérer les paysan·ne·s qui mettent en place des pratiques vertueuses pour ces deux aspects ainsi que pour le climat. Cette rémunération serait fixée selon la présence de prairies et de surfaces pastorales, d’infrastructures agroécologiques (arbres, haies, mares…) et de gestion de l’assolement (part des légumineuses, couverture permanente du sol). L’agriculture biologique serait aussi un critère de paiement pour service environnemental. Le niveau de rémunération serait proportionnel au caractère vertueux des pratiques.
Le compte-rendu d’étape du débat “ImPACtons!” a été publié le 24 juin par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP). Ce document prend notamment en compte le vote en ligne sur la hiérarchisation des objectifs du Plan Stratégique National (PSN) et les contributions déposées sur la plateforme du débat entre le 23 février et le 3 avril. Il nous permet donc d’avoir un premier niveau d’information sur les modèles agricoles soutenus par les citoyen·ne·s.
Dans le cadre du vote en ligne sur la hiérarchisation des objectifs du PSN, les objectifs spécifiques 4, 5 et 6 liés à l’objectif général « Renforcer la protection de l’environnement et l’action pour le climat afin de contribuer aux objectifs de l’Union » ont été jugés « Très prioritaire » ou « Prioritaire » par 97% des participant·e·s.
Les contributions déposées en ligne montrent que les participant·e·s ne remettent pas en cause le soutien de l’agriculture via les subventions de la PAC, mais plutôt ses orientations et ses modalités qui favorisent un modèle agro-industriel, comme le fait d’allouer des aides à l’hectare qui favorisent les grandes exploitations. Globalement, ils·elles font davantage confiance à une alimentation bio et locale plutôt qu’industrielle et globalisée pour préserver leur santé et leur environnement, mais aussi pour mieux rémunérer les paysan·ne·s et assurer une meilleure cohabitation dans les campagnes.
D’après un sondage réalisé en partenariat avec IPSOS sur les attentes des Français·es vis-à-vis de la PAC, la très grande majorité d’entre elles·eux demandent une réorientation des objectifs et des moyens budgétaires de la PAC en faveur d’un système agricole et alimentaire plus juste, plus durable et plus sain.