Selon les chiffres du Réseau Action Climat, l’alimentation représente un quart de l’empreinte gaz à effet de serre des Français et le secteur agricole représente 19 % des émissions territoriales de la France. De nombreuses propositions portées par la Convention Citoyenne pour le Climat, classées dans le volet “Se nourrir”, portent sur l’agriculture et l’alimentation. Dans le cadre du projet de loi portant “lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets” présenté le 10 février 2021, quelque 400 amendements ont été déposés en commission sur le seul titre V « Se nourrir » début mars.
La loi climat, une occasion d’acter des éléments relatifs au Plan Stratégique National de la PAC
Au milieu de ces propositions, certaines portent spécifiquement sur le rôle de la PAC pour inciter la réduction des émissions de GES causées par l’agriculture. Elles concernent notamment le Plan Stratégique National, cette copie que devra remettre le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation à la Commission pour expliciter sa stratégie dans l’application de la future PAC.
Au chapitre “Développer l’agro-écologie”, l’article 65 est entièrement dédié au Plan Stratégique National PAC. Dans le projet de loi soumis par le gouvernement à l’Assemblée nationale, cet article reprend entièrement la proposition de la Convention citoyenne pour le climat portant sur la mise en compatibilité du Plan Stratégique National avec la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), la Stratégie Nationale pour la Biodiversité, la Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée et la Stratégie Nationale Santé Environnement. La seconde proposition portant directement sur le PSN et reprise dans le projet de loi porte sur l’instauration d’un mécanisme de suivi et d’évaluation de l’atteinte de la performance climat du PSN, en prévoyant que la France soit tenue de fournir un état des lieux de sa performance climat du PSN tous les ans au CESE et au Parlement.
Néanmoins, Pour une autre PAC a pu identifier au moins sept autres propositions issues de la CCC qui portent directement sur le PSN de la PAC, mais qui n’ont pas été reprises dans le projet de loi.
Une loi qui pourrait aller plus loin pour contraindre le Plan Stratégique National.
Maintenant que le projet de loi est étudié par l’Assemblée nationale, d’abord en commission, puis en plénière, les députés ont l’opportunité de voter des amendements au texte initial, afin d’y réintégrer au moins une partie des propositions de la CCC qui ont été mises de côté.
Ainsi, à l’instar de ce que prévoit déjà en partie l’article 65 du projet de loi, les députés pourraient aller plus loin dans l’imposition de la compatibilité entre le PSN et des objectifs prévues par d’autres plans ou stratégies qui engagent l’Etat français (Plan Ambition Bio, Plan Protéines). Autre exemple de moyen d’action de la loi “climat et résilience” sur le PSN : définir le niveau d’ambition que devrait refléter la conditionnalité de la PAC. La conditionnalité correspond aux règles que les paysan.ne.s doivent respecter pour être pleinement éligibles aux aides de la PAC. Dans la mesure où la conditionnalité des aides PAC est transcrite sous forme réglementaire en France, la loi pourrait permettre de contraindre la déclinaison française de ces règles de conditionnalité. Par exemple, l’interdiction des pesticides les plus dangereux ou encore l’inclusion de légumineuses dans les assolements pourraient devenir des critères d’obtention des aides PAC.
En résumé, cette loi représente une opportunité de graver dans le marbre certaines évolutions décisives pour la prochaine PAC. Pour cela, Pour une autre PAC travaille de concert avec les députés pour renforcer le pouvoir coercitif de cette loi sur le Plan Stratégique National, conformément à ce que la Convention citoyenne pour le climat a proposé.