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22 févri­er 2019

II est urgent de faire évoluer notre sys­tème agri­cole et ali­men­taire. Les représentant·es poli­tiques doivent saisir cette urgence et opér­er un change­ment de cap pour val­oris­er la richesse de l’agroécologie paysanne, la ren­forcer et la généralis­er par des poli­tiques adéquates. Notam­ment au tra­vers de la Poli­tique agri­cole com­mune. C’est ce que présente au salon de l’agriculture la plate­forme Pour une autre PAC.

Vit­rine du mod­èle agri­cole dom­i­nant et ren­dez-vous incon­tourn­able pour les représen­tant·es  poli­tiques, le salon de l’agriculture est un lieu priv­ilégié pour ren­con­tr­er l’ensemble du monde agri­cole et rur­al. Il est aus­si l’occasion de s’adresser à celles et ceux qui décideront de la future Poli­tique Agri­cole Com­mune. S’il représente un moment phare de médi­ati­sa­tion du monde agri­cole et des entre­pris­es situées en amont et en aval de celui-ci, il est grand temps de bra­quer les pro­jecteurs sur une autre approche, celui de l’agroécologie paysanne, à l’instar de l’agriculture biologique ou de l’agroforesterie !

Les 35 organ­i­sa­tions de la plate­forme « Pour une autre PAC » présen­teront au Salon Inter­na­tion­al de l’Agriculture leur cam­pagne « Tablons sur nos paysan·nes !”. L’agriculture que nous défendons, plus autonome, plus résiliente et priv­ilé­giant les proces­sus naturels, pro­duit une ali­men­ta­tion saine, respectueuse de l’environnement et des ani­maux, mais ce n’est pas tout. Elle con­tribue tout autant au dynamisme de l’économie de nos ter­ri­toires, en créant de l’emploi et de la valeur ajoutée, qu’à la beauté des paysages ; elle se pra­tique dans le respect de la bio­di­ver­sité et s’attache à pren­dre en compte le bien-être des ani­maux d’élevage, la san­té des con­som­ma­teurs et les impacts sur l’environnement et le cli­mat. Avec la cam­pagne « Tablons sur nos paysan·nes !», la plate­forme « Pour une autre PAC » met en lumière la diver­sité des fonc­tions assurées par les paysan·nes engagé·es en agroé­colo­gie, au-delà de leur rôle nourrici­er. Nous don­nons à voir la per­ti­nence et la cohérence de ces alter­na­tives, tant d’un point de vue socio-économique qu’environnemental ou ali­men­taire, par rap­port au mod­èle agro-indus­triel actuel insouten­able qui con­cen­tre fonci­er et moyens de pro­duc­tions, élim­ine les fer­mes et leurs paysan.nes et cause de nom­breuses pol­lu­tions, la perte de bio­di­ver­sité et divers déséquili­bres alimentaires.

Notre mot d’ordre : ni dén­i­gre­ment des agriculteur.rices, ni com­plai­sance avec l’agro-industrie. Nous devons redonner à tou·te·s les paysan·nes une place cen­trale dans la société qu’ils ou elles nour­ris­sent et val­oris­er les mul­ti­ples facettes de leur méti­er. Les mod­èles agro-écologiques que nous soutenons ont fait leurs preuves, tant en ter­mes de poten­tiel de pro­duc­tion que de capac­ité à faire vivre digne­ment leurs acteur·rice·s. En plus de préserv­er l’environnement et la san­té, ces agri­cul­tures s’appuient sur des paysan·nes nom­breux en France, à l’inverse de la sit­u­a­tion actuelle qui mène à leur dis­pari­tion, et respecte la sou­veraineté ali­men­taire des les pays du Sud.

Face au dérè­gle­ment cli­ma­tique, à l’effondrement de la bio­di­ver­sité et aux défis à relever pour met­tre en oeu­vre un sys­tème ali­men­taire de qual­ité, juste, acces­si­ble et durable, il est urgent de soutenir ces paysan·nes garant·e·s de la péren­nité de notre agriculture.

À douze semaines des élec­tions européennes, notre mod­èle agri­cole et ali­men­taire est un sujet de pre­mier ordre, à la croisée de toutes les prob­lé­ma­tiques actuelles : cli­mat et envi­ron­nement, bien-être ani­mal, répar­ti­tion de la valeur et des richess­es, démoc­ra­tie, san­té, dump­ing social et économique… Il doit donc être au coeur du débat de la cam­pagne élec­torale : il en va du dynamisme de nos zones rurales, de l’équilibre de notre envi­ron­nement et de notre san­té. Inter­pel­lons les candidat·es aux élec­tions européennes et deman­dons-leur des engage­ments ambitieux  pour réformer la Poli­tique Agri­cole Com­mune. La plate­forme Pour une autre PAC a d’ores et déjà for­mulé douze pri­or­ités pour la prochaine PAC en faveur de l’intégration de l’enjeu de l’alimentation dans cette poli­tique, notam­ment l’élevage à l’herbe et la tran­si­tion vers un aban­don pro­gres­sif des intrants chim­iques de syn­thèse, la prise en compte du nom­bre d’emplois par ferme ou encore le sou­tien aux pro­jets ali­men­taires ter­ri­to­ri­aux. Elles dessi­nent une tran­si­tion agri­cole désir­able par tous les agriculteur·rices et les citoyen·nes. Ces propo­si­tions sont sur la table, le débat est servi !