Le week-end du 26, 27, 28 septembre 2020, la Commission Nationale du Débat Public organisait la première Assemblée Citoyenne sur l’Agriculture : pendant 2 jours, 125 citoyen·ne·s, tiré·e·s au sort, se sont réuni·e·s à Paris pour rencontrer des expert·e·s et des parties prenantes afin de proposer un nouveau “contrat social” pour la PAC.
Retour sur cet exercice prenant place dans le cadre du débat public “ImPACtons”.
Un week-end, 125 citoyen·ne·s et la promesse d’un nouveau contrat social pour la PAC
Accueilli·e·s vendredi soir par Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Barbara Pompili, Ministre de la Transition Ecologique et Marc Fesnau, Ministre délégué des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne, les 125 citoyen·ne·s ont ensuite suivi un programme intensif pour approfondir les enjeux lors de la journée du samedi et exprimer leurs avis et propositions tout au long de la journée du dimanche.
Leur mission consistait à définir les objectifs de la prochaine PAC et identifier les leviers pour les atteindre afin de redéfinir le contrat social de la PAC et ainsi mettre à jour cette politique dont la première pierre a été posé en 1962. Depuis cette date, les défis que rencontrent l’agriculture ont évolué et les citoyen·ne·s en ont bien conscience : l’Assemblée Citoyenne sur l’Agriculture a ainsi proposé d’évoluer vers une Politique Agricole et Environnementale Commune, en suggérant notamment de conditionner les aides à certaines exigences environnementales, de rémunérer les services écosystémiques rendus par l’agriculture et de décorréler les aides de la taille des fermes.
Les mesures proposées par les citoyen·ne·s font également la part belle aux systèmes alimentaires territoriaux : “orienter une part des aides du second pilier de la PAC au soutien à des modes de distribution de type circuit court”, “subventionner les circuits courts”,… La consultation des citoyen·ne·s, le temps d’un week-end, a mis en lumière une volonté latente de reconnecter la société à l’agriculture au quotidien.
Une ouverture démocratique à encourager
La plateforme Pour une autre PAC, qui intervenait samedi après-midi aux côtés des autres parties prenantes, salue l’organisation de cet exercice visant à remettre le citoyen·ne·s, qu’ils soient “mangeur·se·s” ou paysan·ne·s, au coeur du système agricole et alimentaire. Mathieu Courgeau, éleveur en Vendée et président de la plateforme Pour une autre PAC a rappelé la légitimité de ces citoyen·ne·s à s’exprimer sur le sujet au micro de France Culture : “Nos concitoyens c’est d’abord nos voisins qui vivent sur nos mêmes territoires, c’est aussi nos clients, c’est eux qui achètent nos produits et c’est aussi eux qui financent la PAC via leurs impôts. C’est vraiment primordial que ce dialogue soit reconstruit entre ces deux mondes qui parfois s’éloignent.”
Les propositions de la plateforme s’articule d’ailleurs autour d’un nouveau PAACte : un pacte fondé sur une nouvelle politique agricole et alimentaire commune entre les paysan·ne·s et la société, permettant tout à la fois aux premier·ère·s de vivre fièrement de leur métier et à leurs concitoyen·ne·s de profiter des bienfaits de leur activité. Repenser la gouvernance de la PAC dans sa conception et son application semble en effet nécessaire pour restaurer la lisibilité et la légitimité de cette politique. La future PAC doit à ce titre appeler à une responsabilité partagée des instances en charge de l’agriculture, de l’alimentation, de l’environnement et de la santé, ainsi qu’à une ouverture démocratique à travers l’association des citoyen·ne·s.
Cependant pour que l’Assemblée Citoyenne sur l’Agriculture atteigne réellement ces objectifs, il faudra que le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, qui s’attelle actuellement à la rédaction de son Plan Stratégique National, adapte ses positions pour prendre en compte les attentes et propositions formulées à l’occasion du débat public.
“Est-ce que le ministre aura le cran d’écouter un peu moins les lobbys et un peu plus les citoyens ?” conclut Cléa, participante de l’Assemblée Citoyenne sur l’Agriculture.
Le débat public “imPACtons” se poursuit
Rappelons ainsi que l’organisation de cette Assemblée Citoyenne sur l’Agriculture intègre un processus plus large, celui du débat public “imPACtons”, lancé en février lors du Salon International de l’Agriculture et prenant fin le 31 octobre 2020. Ce débat public découle d’une obligation légale : le Plan Stratégique National est un plan national (Ordonnance du 3 août 2016), et il est de surcroît soumis à une évaluation environnementale par l’Autorité environnementale car il concerne l’agriculture (Article L122‑4 du Code de l’Environnement). Ce sont ces deux motifs qui ont contraint le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation à saisir la CNDP, qui a alors opté pour l’organisation d’un débat public s’articulant autour des quatre modalités suivantes :
Suite à la publication du compte-rendu du débat public, le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation aura trois mois pour réagir publiquement et se prononcer sur les propositions qui ont été émises, en justifiant de leur reprise ou non dans le Plan Stratégique National (PSN).
Pour saisir cette occasion inédite de faire entendre votre voix sur le modèle agricole et alimentaire que vous souhaitez pour demain, participez aux séances de débat public organisées dans chaque région ou organiser votre propre séance de débat en ligne ou en présentiel d’ici la fin du mois d’octobre !