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Politique agricole :
Qui fait mieux que la France ?

Où se situe le plan national de la PAC
par rapport aux autres États membres ?

La France est le premier bénéficiaire de la PAC. Longtemps leader sur l’ambition sociale et environnementale de cette politique majeure pour l’agriculture européenne, force est de constater que ce n’est malheureusement plus le cas.

Contrairement au discours très relayé soutenant que la France aurait une fâcheuse tendance à surtransposer les règles européennes (c’est à dire, aller au delà des exigences minimales fixées), la comparaison de la déclinaison française de la PAC, arbitrée par le ministre Julien Denormandie en 2021, avec celle des autres États membres, montre qu’il n’en est rien.

NB : Outil élaboré sur la base des premières versions de PSN remis à la Commission européenne fin 2021.

Qui fait mieux que la France pour…

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États de l'Union Européenne

États de l'UE dont le plan stratégique n’a pas été analysé

États qui font mieux que la France

France

Sur de nombreuses mesures, la France n’a pas choisi, contrairement à d’autres pays de l’UE, d’aller au delà du minimum exigé par le règlement PAC, alors même que la rédaction, par chaque État membre, d’un plan stratégique national, s’annonçait comme une opportunité de dessiner une PAC alignée sur les attentes sociétales et à même de répondre à la crise que connaît le monde agricole.
Ce que fait la France pour plafonner les plus gros montants d'aide
La future PAC comporte la possibilité pour les États d’introduire une réduction totale ou partielle des paiements octroyés, correspondant à un plafonnement ou une dégressivité des paiements directs de la PAC. La France a fait le choix de ne pas mettre en œuvre ces mesures, alors que cela aurait été un signal fort contre l'agrandissement des fermes. Ces mécanismes auraient ainsi permis de récupérer plus de 3 millions d'euros sur les aides de 400 des plus gros bénéficiaires de la PAC.
Ce que fait la France pour soutenir les petites fermes
La France a choisi de ne pas activer le soutien forfaitaire pour les petites fermes, une aide qui permet de compenser le faible montant qu'elles toucheraient à l’hectare en raison de leur moindre taille. Aussi, la France n'a pas choisi de renforcer le paiement redistributif, une aide qui permet d'appliquer un montant supérieur sur les premiers hectares d'une ferme et ainsi d'opérer une redistribution efficace des grandes vers les petites et moyennes fermes. Sans changement par rapport à la PAC précédente, la France alloue 10 % du budget du 1er pilier à cette aide redistributive. En résumé, les outils favorables à une plus grande équité entre fermes selon la taille n'ont pas été plébiscités.
Ce que fait la France pour mettre fin aux inégalités dans les montants d'aide entre territoires
Aujourd'hui encore, les fermes touchent des aides d'un montant différencié à l'hectare selon leur situation géographique. Une inégalité, basée sur des références historiques désormais inopérantes, qui défavorise notamment les fermes situées dans la moitié sud de la France. Si une majorité de pays sont désormais passés à un montant unique à l'hectare, la France refuse encore de basculer vers ce système égalitaire et se contente de la réduction minimale des inégalités entre hectares imposée par le niveau européen. Constatant cette trajectoire sans changement, la Commission invite la France dans ses observations récentes à « réévaluer à la hausse l’ambition du plan en vue d’une redistribution équitable des aides au revenu ».
Ce que fait la France pour installer de nouveaux agriculteurs
La France soutient environ 5 000 installations par an via la PAC. Rapporté au nombre de fermes (environ 400 000), ce chiffre ne permet pas d'enrayer la disparition tendancielle des actifs agricoles dans le pays. Pourtant, un tiers des paysans et paysannes ont plus de 55 ans, ce qui signifie qu'un quart des fermes pourraient disparaître dans les cinq prochaines années selon le CESE.
Ce que fait la France pour réduire le budget dédié aux aides favorisant un modèle agro-industriel
En transférant du budget du premier vers le second pilier, un État réduit mécaniquement la part de son budget dédiée aux aides de base à l'hectare, qui sont celles qui orientent le plus les agriculteur·rices dans un modèle de type agro-industriel. Transférer des fonds vers le second pilier est également un moyen d'allouer plus de budget aux aides dédiées à l'accompagnement vers la transition agroécologique. Sur ce point, la France a fait le choix du statu quo : elle continuera de transférer 7,5 % du budget du premier pilier vers le second. La Commission a par ailleurs récemment noté que « le budget des mesures du développement rural dédiées aux objectifs climatiques ou environnementaux est le plus faible parmi tous les PSN ».
Ce que fait la France pour rémunérer les pratiques agricoles favorables à l’environnement
La nouvelle PAC prévoit une nouvelle aide environnementale dans le premier pilier, appelée « éco-régime », censée récompenser les pratiques vertueuses pour l'environnement. Sur ce point, l'éco-régime français est une véritable opération de greenwashing, à tel point que le ministère de l'Agriculture prévoit que plus de 80 % des agriculteur·rices y auront accès sans changement de pratique. Le WWF, Birdlife et le Bureau européen de l'environnement ont évalué l’éco-régime français comme particulièrement mauvais et inefficace pour l’environnement dans une récente analyse (voir méthodologie). Un constat partagé par la Commission européenne dans sa lettre d’observation, particulièrement sévère à l'égard de l'éco-régime français.
Ce que fait la France pour soutenir financièrement les fermes en agriculture biologique
Soutenir l'agriculture biologique (AB) doit se faire en accompagnant la conversion mais également par une rémunération des fermes déjà conduites en AB pour les services environnementaux qu'elles rendent. Contrairement à une grande partie des pays européens, la France ne soutient plus le maintien de l’AB dans le second pilier, générant un manque à gagner pour les agriculteur·rices. En effet, c’est désormais l’éco-régime qui est censé rémunérer l’AB, pour un montant dérisoire de 82 € par ha. Dans un tel contexte, l’objectif fixé dans le PSN de 18 % de surfaces cultivées en AB en 2027 sera difficilement atteignable. La Commission craint même, dans ses récentes observations, que « cet arrêt de financement présente un risque de déconversion ».
Ce que fait la France pour améliorer le bien-être des animaux d’élevage
En France, seul 4 % du cheptel est couvert par une mesure spécifique visant l'amélioration du bien-être animal. En effet, l'éco-régime ne prévoit pas de rémunérer les pratiques favorables au bien-être animal (notamment pour les poulets et les porcs, alors que ce sont les productions les plus industrialisées). Le second pilier ne prévoit, lui non plus, aucune mesure d’ampleur pour accompagner la transition des systèmes d’élevage. La Commission a d’ailleurs établi ce même constat récemment et « note que la France n'envisage (...) aucune mesure significative pour améliorer le bien-être animal » et qu’elle « devrait justifier, ou si nécessaire renforcer, la faible valeur des mesures visant à améliorer le bien-être animal ».

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États de l'Union Européenne

États de l'UE dont le plan stratégique n’a pas été analysé

États qui font mieux que la France

France

Cet outil montre que la France est loin d’être dans le haut du panier des États membres sur un certain nombre d’enjeux.

Là où la France a fait le choix d’une stabilité aux conséquences regrettables, certains États membres ont opéré des arbitrages en rupture avec les PAC précédentes, tentant ainsi d’apporter des réponses aux besoins de réorientation de leur modèle agricole. La plus grande ambition de certains États membres sur l’architecture sociale et environnementale de la PAC va, par ailleurs, désavantager les agriculteur·rices français·es désireux·ses d’entamer une transition, constatant que leurs voisin·es sont mieux accompagné·es et mieux rémunéré·es pour les pratiques agricoles vertueuses qu’ils mettent en place.

Pour en savoir plus sur la déclinaison française de la PAC, consultez notre outil d’analyse : le PAComètre !

Les corrections demandées par la Commission européenne à la France

Le 31 mars, la Commission européenne a envoyé à la France, sa lettre d'observation sur son Plan Stratégique National de la PAC. Son analyse rejoint celles formulées par Pour une autre PAC, l’Autorité environnementale, les scientifiques ou encore par les citoyen·nes dans le cadre de la consultation publique. Parmi quelques-unes des points soulevés par la Commission, ressortent une vraie faiblesse sur l’architecture environnementale. L’exécutif européen identifie notamment des insuffisances sur la conditionnalité, regrette que « la rémunération (…) dans l’éco-régime [soit] la même pour l’agriculture biologique et la certification HVE alors que le cahier des charges de cette certification est beaucoup moins contraignant », mais note également que le budget des mesures climatiques et environnementales dans le 2nd pilier « est le plus faible parmi tous les plans stratégiques formellement soumis ». Elle constate également des lacunes à pallier sur l’installation, une absence complète du bien-être animal, ou encore, demande une meilleure démonstration du bon ciblage des paiements en faveur des petites et moyennes fermes.

En savoir plus

Face à ces constats, Pour une autre PAC demande à ce que la France prenne en considération les recommandations émises à la fin du mois de mars par la Commission européenne pour combler les lacunes du PSN français avant sa validation définitive.